La vie cachée du Père Noël (Adeline)
« J’ai pas envie de te quitter… » chouinait le Père Noël.
« La tournée des cadeaux, cette année, j’ai pas envie d’y aller. Ou alors pour plaisanter, j’inverse tous les cadeaux ?! »
« Non, trésor, tu vas te lever et décoller le traineau du toit. »
Le Père Noël était alangui, moitié nu et contemplait sa chère et tendre maîtresse, elle-même dénudée. Leur ébat avait été intense. Le Père Noël était tellement contrarié de laisser sa jeune et jolie beauté pour des milliards de petits chiards qu’il allait à reculons à la distribution des présents. Et puis ensuite, il lui faudrait retrouver la Mère Noël et ça, ça l’enchantait encore moins que la tournée des morveux.
Les jours précédents avaient été si passionnels et tendres entre Père Noël et Elfie, qu’ils en avaient peu quitté leur lit. Il faut dire qu’ils ne se voyaient qu’une fois l’an, mais quelle fois ! Juillet et Août étaient les seuls moments de répit complets du Père Noël. Pas de perte de temps, il retrouvait Elfie et s’en donnait à cœur joie, se prélassant longuement à la chaleur du soleil, oubliant Mère Noël, les rennes et les lutins.
Eh bien oui… les Père Noël, aussi, avait une vie…
De plus, celui-ci adorait chanter. Il chantait à tue-tête à longueur de journée et prenait même des cours de chant. Il avait entamé ces cours avec Monsieur le Croquemitaine. Ce dernier, isolé également les mois d’été, retrouvait le Père Noël sur le gros nuage N° 69 dans le ciel d’un bleu éclatant. A eux deux, parfois, on ne savait s’ils chantaient ou chouinaient. D’autant que le Croquemitaine possédait une voix suraiguë, faisant ressembler ses rires à ceux d’une petite fille. Le Père Noël adorait d’ailleurs beaucoup le chambrer à ce sujet, tout comme à propos de son hygiène douteuse et de ses pieds malodorants, à la limite du supportable, bien souvent !
Il arrivait parfois qu’Elfie et le Croquemitaine se croisent, lors de ces rencontres chantées. Tous trois finissaient shootés et le Croquemitaine tentait inlassablement de séduire Elfie. Celle-ci était belle et très sexy. Croquemitaine pensait posséder tous les attributs nécessaires pour charmer la belle : un sourire d’ange, des yeux bleus, un pourtour crânien dégarni de cheveux, mais Elfie ne voyait, elle, que ses mains dégueulasses, toutes pleines de rides. Elle préférait fantasmer sur le Père Noël, bâti comme un Dieu grec, tel un apollon, et sur Robert… Robert, elle l’avait rencontré il y a quatre ans, lorsqu’elle était allée acheter le fouet pour les rennes du Père Noël. Elfie ne savait pas où trouver de fouet, alors elle s’était dirigée vers le magasin érotique du nuage 69. Robert, propriétaire de la boutique, l’avait guidé, conseillé, informé, orienté… bref le Père Noël avait été enchanté de l’acquisition faite par Elfie. Elfie et Robert, eux, avaient de suite senti le courant passer entre eux. Très ouvert à la vie, ses plaisirs et ses nombreuses découvertes, Robert avait capté l’attention d’Elfie et lui lisait très souvent ses écrits érotiques. Il avait d’ailleurs publié plusieurs recueils de poésie érotique et Elfie en était très friande. Toutes ces lectures cultivaient son imagination et ainsi, jamais le Père Noël ne s’ennuyait aux côtés de sa douce maîtresse.
Les étés étaient torrides et permettaient au Père Noël de revenir chaque année en pleine forme pour la distribution des cadeaux. La Mère Noël n’en était guère enchantée mais celle-ci trouvait du réconfort auprès de Ronan, un lutin du Père Noël. (Eh ! Eh ! celui-ci se trouvait toujours à bonne hauteur pour satisfaire et détendre la Mère Noël). Elle, elle trimait toute l’année pour préparer, organiser et orchestrer tous les préparatifs de Noël. Il fallait gérer les cadeaux, les appels et les lettres d’enfants mais également les rennes et les lutins. Et parmi les lutins, le plus indiscipliné (et coquin !) se prénommait Ronan. Même si Mère Noël appréciait beaucoup ces petits intermèdes licencieux, cela ne lui faisait pas gagner de temps…
Quoi qu’il en soit, Père Noël, de son côté, avait un engagement moral, signé à chacune des naissances qui avait lieu sur Terre et il ne pouvait déroger à son rôle le mois de Décembre. Il quittait donc Elfie après un énième baiser langoureux ponctué de caresses intimes annonçant son départ imminent.
Dépité, il arrivait tout de même à temps à Romaniville, récupérer son traineau, les rennes et les lutins qui s’étaient déjà occupés de charger les innombrables offrandes. Le Père Noël s’installa confortablement, remonta la couverture polaire rouge sur ses genoux et fit claquer le fouet à l’intention des rennes, pour lancer le grand départ de cette nuit si magique pour tant d’entre nous.
Le Père Noël, lui, entendant le claquement de ce fouet, se remémorait la partie la plus charnue, confortable et sensuelle d’Elfie …
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