Proposition d'exercice pour ceux qui voudraient participer au thème du mois de mars
Atelier du 13 mars
Adaptation de ce que nous allons faire en groupe
pour ceux qui voudraient participer depuis chez eux :
Lire quelques poèmes (choix proposé en fin de fiche)
S'installer confortablement dans un cadre où l'on se sent bien, avec quelque chose à boire ou à grignoter...peut-être un fond sonore que l'on aime...
Se concentrer sur ses sensations : visuelles, auditives, tactiles, olfactices, gustatives. Les noter.
(10 mn maxi)
Reprendre chacune de ces sensations et les associer à d'autres images, des souvenirs, des rêves...
A nouveau, laisser voguer son imagination pour dépasser encore ce qui vient d'être écrit(1/4 d'heure)
Réfléchir à des images, comparaisons, métaphores, personnifications que l'on pourrait associer à ce que l'on a noté
Choisir une anaphore.
Ecrire.
Se laisser emporter par son imagination,
Ne pas se préoccuper de rimes ni du nombre de syllabes des vers, par contre réfléchir à la muscalité de ce qu'on écrit
ATTENTION : interdiction formelle d'utiliser il y a, être, avoir, sentir, gouter, toucher, respirer, humer,faire penser à, ressembler à.... regarder, voir, apercevoir, entendre, écouter, percevoir, oreilles, langue, goût , nez, narine, bouche, yeux, etc...
Utiliser chaque fois que c'est possible des verbes d'action
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Quelques révisions peut-être utiles pour écrire...
Figures de style
PERSONNIFICATION : Prêter des sentiments, des pensées ou des actes à un animal ou à un objet. La nuit en son parc amassait un grand troupeau d'étoiles. COMPARAISON : Mettre deux choses différentes en vis-à-vis. EXEMPLE D'OUTILS DE COMPARAISONS : comme, tel, identique à, semblable, pareil à, sembler, paraître, une sorte de, ressembler... Ses mains paraissaient faites d'une espèce d'ouate. Il est beau comme un Dieu METAPHORE : Comparaison sans outils de comparaison. L'oeil d'un homme est une fenêtre. REPETITION : Reprise d'un mot ou d'un groupe. J'ai faim, j'ai faim, j'ai faim. ENUMÉRATION : Liste d'au moins trois éléments. Dans mon jardin, il y a des fraises, des cerises, des pêches et des bananes. GRADATION : Enumération dont les éléments sont classés. Adieu veau, vache cochon, couvée. . Elle pue le service, l'office, l'hospice. HYPERBOLE : Exagération de langage. Je vous l'ai déjà répété cinquante millions de fois. ANAPHORE : Répétition d'un mot ou d'un groupe en début de phrases. Dans ma rue, il y a des chiens. Dans ma rue, il y a des chats. Dans ma rue, il y a des voitures. Dans ma rue, il y a des oiseaux.
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Au fond du visage
Ce n’est pas en une fois
Que je saurai ton visage
Ce n’est pas en sept fois
Ni en cent ni en mille
Ce ne sont pas tes erreurs
Ce ne sont pas tes triomphes
Ce ne sont pas tes années
Tes entailles ou ta joie
Ni en ce corps à corps
Que je saurai ton corps
Ce ne sont pas nos rencontres
Même pas nos désaveux
Qui élucident ton être
Plus vaste que ses miroirs
C’est tout cela ensemble
C’est tout cela mêlé
C’est tout ce qui m’échappe
C’est tout ce qui te fuit
Tout ce qui te délivre
Du poids des origines
Des mailles de toute naissance
Et des cloisons du temps
C’est encore cette lueur :
Ta liberté enfouie
Brûlant ses limites
Pour s’évaser devant.
Andrée Chedid
Ce ne sont pas mains de géants
Ce ne sont pas mains de génies
Qui ont forgé nos chaînes ni le crime
Ce sont des mains habituées à elles-mêmes
Vides d’amour vides du monde
Le commun des mortels ne les a pas serrées
Elles sont devenues aveugles étrangères
À tout ce qui n’est pas bêtement une proie
Leur plaisir s’assimile au feu nu du désert
Leurs dix doigts multiplient des zéros dans des comptes
Qui ne mènent à rien qu’au fin fond des faillites
Et leur habileté les comble de néant
Ces mains sont à la poupe au lieu d’être à la proue
Au crépuscule au lieu d’être à l’aube éclatante
Et divisant l’élan annulent tout espoir
Ce ne sont que des mains condamnées de tout temps
Par la foule joyeuse qui descend du jour
Où chacun pourrait être juste à tout jamais
Et rire de savoir qu’il n’est pas seul sur terre
À vouloir se conduire en vertu de ses frères
Pour un bonheur unique où rire est une loi
Il faut entre nos mains qui sont les plus nombreuses
Broyer la mort idiote abolir les mystères
Construire la raison de naître et vivre heureux.
Paul Éluard
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par Jacques Prevert [Jacques_Prevert ]
Sanguine
La
fermeture éclair a glissé sur tes reins
et tout l’orage
heureux de ton corps amoureux
au beau milieu de l’ombre
a
éclaté soudain
Et ta robe en tombant sur le parquet ciré
n’a
pas fait plus de bruit
qu’une écorce d’orange tombant sur un
tapis
Mais sous nos pieds
ses petits boutons de nacre
craquaient comme des pépins
Sanguine
joli fruit
la pointe
de ton sein
a tracé une nouvelle ligne de chance
dans le creux
de ma main
Sanguine
joli fruit
Soleil de nuit.
(Jacques Prévert, Spectacle, 1951)
Déjeuner du matin
Il a mis le café Dans la tasse Il a mis le lait Dans la tasse de café Il a mis le sucre Dans le café au lait Avec la petite cuiller Il a tourné Il a bu le café au lait Et il a reposé la tasse Sans me parler Il a allumé Une cigarette Il a fait des ronds Avec la fumée Il a mis les cendres Dans le cendrier Sans me parler Sans me regarder Il s'est levé Il a mis Son chapeau sur la tête Il a mis son manteau de pluie Parce qu'il pleuvait Et il est parti Sous la pluie Sans une parole Sans me regarder Et moi j'ai pris Ma tête dans ma main Et j'ai pleuré
.Prévert |
Vieille chanson du jeune temps
Je
ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous
parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.
J'étais
froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je
parlais des fleurs, des arbres
Son oeil semblait dire: "
Après ? "
La rosée offrait ses perles,
Le taillis
ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les
rossignols.
Moi, seize ans, et l'air morose ;
Elle, vingt ;
ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les
merles me sifflaient.
Rose, droite sur ses hanches,
Leva
son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je
ne vis pas son bras blanc.
Une eau courait, fraîche et
creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature
amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.
Rose défit
sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans
l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu.
Je ne savais que lui
dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et
soupirer quelquefois.
Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en
sortant des grands bois sourds.
" Soit ; n'y pensons plus ! "
dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.
Victor Hugo
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