Le-Bonheur-des-Mots

Le-Bonheur-des-Mots

Ojone Maille (Serge JB)

J'ai dans cet espace traité le cas intéressant du GSV1 (Grumelux
simplex vulgaris), connu également sous l'appellation de grumeau
simple (ou vulgaire). Cette étude m'avait valu, à l'époque une
proposition de médaille, qui ne fut malheureusement pas suivie
d'effet, le président de cérémonie ayant eu la mauvaise idée de
changer de planète.
Je reprends donc ici la suite de cette étude sur le comportement
des objets inanimés, mais mets, car seule la cuisine et la
gastronomie associée trouvent grâce à mes yeux (qui d'ailleurs ne
sont pas plus gros que mon ventre).
Je vais donc entreprendre d'expliquer ici, ce que les spécialistes
de l'émulsion appellent le paradoxe de Dijon.
Le nom de cet événement provient du fait que le premier cas
scientifiquement prouvé, le fut dans cette belle et grande ville
bourguignonne, connue autant pour ses moutardes que pour ses
agapes.
Comme tout paradoxe, il fut d'abord cantique, car mis en
évidence, puis caché dans les nombreux monastères des côtes de
Beaune. Ce paradoxe n'eut pas la chance de voir son 'c' converti
en 'q', ce qui aurait permis à Albert2 d'en expliquer l'origine.
Il resta donc 'cantique' et 'in vitraux' pour être plus précis.
Un moine défroqué en fut l'exportateur, trouvant en cette
propriété matière à survie. Grâce à quelques textes, on connaît le
nom de cet homme de bure, et même son prénom : Ojone.
Le révérend père Ojone Maille, avait eu, un soir de méditation
pendant lequel il avait trinqué plusieurs fois avec celui d'en haut,
une illumination ! Grand amateur d'omelettes et oeufs brouillés,
ce qui lui permettait de rapides restaurations fastes3, avait, un
peu éméché remplacé la cuillère de lait qu'il ajoutait à ses oeufs
par une cuillère d'huile d'olive vierge de première pression à froid,
et la noix de beurre par une composition pilée à base de vin aigre
et de graines de Brassica juncea, qu'il utilisait en sinapismes.
Battant le mélange avec une belle ardeur avinée, quelle ne fut pas
sa surprise en voyant la bolée monter doucement, prendre une
belle consistance et devenir lisse.
Interloqué, et entre deux hoquets à 12,5 degrés alcooliques il
s'écria : Naize4 ! Mot qu'il prononçait souvent à cause d'une
1 Catégorie Loufoque (de mer) : 22 août: La longue histoire des Grumelus simplex vulgaris
2 Celui de e=mc2 mon amour.
3 Cette expression a depuis été reprise sans vergogne par les Anglo-saxons sous le vocable
de faste food, dans lequel faste est une image.
4 Naize (Japon) : Lat. 34° 19' 60N Long. 136° 39' 0E Altitude 73m Population 26985 environ.
culture japonaise exacerbée, et dont la phonétique nasillarde lui
plaisait.
Il jeta son émulsion, par la fenêtre, et, quelque peu dégrisé reprit
sa traditionnelle recette d'omelette au lait et beurre.
Le lendemain, aux matines sonnantes, il se dressa ahuri dans sa
robe patinée, desserra la cordelière qui lui servait de ceinture et
ré-enfila ses caliges.
Se levant, le cerveau embrumé, il se souvint soudain du curieux
mélange né sous les vapeurs d'éthanol (CH3CH2OH pour les
pinailleurs), et il tenta aussitôt, debout sur son lutrin, de
calligraphier la recette ainsi improvisée. Lentement et avec
attention, il trempa sa plume retaillée pour l'occasion dans l'encre
de chine que Marco5 avait ramené, et coucha sur la peau de bique
qui lui servait de parchemin :
Hier jour du seigneur :
Deux oeufs frais de ma poule Blandine.
Une pointe d'onguent pour sinapisme.
Une cuillère d'huile de l'olivier de frère Salonenques ou
Picholines.
Battre doucement avec un balai d'osier.
Et goûter.
Ci Porté par Frère Maille Ojone (oh ! Naize !)
Le tout en latin et convenablement enluminé.
La vie de ce petit monastère continua de s'écouler au gré des
vendanges et des reconversions (latines).
Ce n'est que bien plus tard, qu'un homme curieux, natif de Dijon,
tomba par hasard sur la notice, qu'il déchiffra après quelques
bouteilles de Chartreuse.
Il essaya bien de reconstituer le mélange en suivant
scrupuleusement la recette, mais, à sa grande surprise il ne
réussissait jamais à obtenir d'une manière sûre le mélange
onctueux. Soit, il était monté du premier coup (ce qui satisfaisait
sa compagne) soit le mélange se séparait en corps gras et
protéines.
Il essaya tout et le reste, y compris avec sa compagne, ce qui lui
permit de noter que celle-ci manquait systématiquement le
mélange entre le premier et le huitième jour après son cycle. Il
5 Le joueur de Polo bien sûr!
mit cela sur l'influence de la lune, celle de sa bourgeoise ne
faisant pas de quartiers.
Il mit alors au propre (et au figuré) ses constatations, sous le titre
générique :
Maille ô Naize de Dijon – Le paradoxequi
reste encore célèbre de nos jours.



10/11/2016
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