Le-Bonheur-des-Mots

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La cagouille charentaise (Bastian)

 

La cagouille charentaise

Aussi vive que le guépard, aussi rapide que le félin, voici la cagouille charentaise bien à son aise. Bavette fait la fière avec sa nouvelle coquille. C’est qu’elle l’a payée une fortune chez les tanukis du coin. Des tanukis peu à leur place mais vivant dans un sublime palace. Elle n’avait pas chômé et avait rongé toutes les feuilles de salades ou d’épinard, elle avait même réussi « l’exploit » avec un grand « L apostrophe ». Fleurs de curcumas et sésames noir, elle avait tout raflé pour les emmenés à Mélisson et Mélosson. Gérants de la boutique, que tous adorent et avec qui elle avait commercé sa nouvelle coquille.

« Houla, Bavette ! Il est très beau ton nouveau toit, mais il pue plus que le chat du voisin !

- Je ne sais pas pourquoi, moi, je viens juste de l’acheter, mais maintenant que tu le dis, ça empeste le tabac froid. »

Khôl sur les yeux, mascara plein les cils, Bavette part à toute vitesse retrouver les deux ratons laveurs. Le chemin est long, même pour le plus rapide des escargots. Mais elle veut savoir pourquoi son achat empeste le tabac froid. Ni une, ni deux, seulement quatre journées lui sont nécessaires pour arriver chez Mélisson et Mélosson. Où sont-ils, cela fait déjà 10 bonnes minutes que Bavette cherche ces deux petits filous, il n’avait quand même pas filé ? Presque sans espoir, elle va dans le jardin de leur palace, le château du Haut-Keninsbourg, et les voilà, en train de bronzer dans la cour, entre la pelouse et les cailloux.

« Que c’est joli cette vue sur la montagne des Vosges ! » pense-t-elle tout haut.

« Rhododindrons et orchidées ! Serait-ce pas notre petit Bavette que nous avons là ? Tout va bien petit cagouille charentaise ? »

- Un jour tout roule, et le lendemain je réalise que la superbe coquille que je vous ai acheté empeste le tabac trempé ! Voyez-vous de quoi je veux parler ?

- Wassingues sales et feuilles de palmiers ! Xylophone en bois trempés et feuilles de palmiers ! Y avait-il pas Zara qui l’avait emprunté ?

- Zara, la vieille qui fume en buvant son thé ? »

Avec les deux vendeurs Bavette va chez Zara. Bien que la vieille dame ait atteint les 97 ans et n’ait presque plus aucune dent, elle pouvait encore demander à son chat Félix de se débarrasser de la petite cagouille. C’est pourquoi, se faire accompagner par des connaissances de la vieille femme lui semble être une bien meilleure idée.

Dans le jardin se trouve un somptueux jeune homme raclant le sol et caillouteux avec son râteau. Elancé et bien musclé, bavette ne pouvait s’empêcher de baver. Félix arrive et se frotte à ses deux copains tanukis. Généreux de nature, ils lui offrent un nouveau collier, le matou les emmène auprès de la vieille femme qui fume. Heureusement, elle est d’humeur à avoir de la visite. Il faut croire que bavette n’est pas la seule à baver à la vue du beau jardinier.

« Journée ensoleillée rime avec escargot au vin rouge, ah bah non pas vraiment, peut être avec tanukis en sushi, ah bah non toujours pars, peut être avec jeune jardinier bien gaulé, oh bah oui ! Kirsch pour tous, pour fêter cette trouvaille ! »

L’alcool avalé, Zara leur explique, tout en reluquant le beau fessier du jeune jardinier, qu’elle a trouvé la coquille dans son cendrier entre un sachet de thé et ses tubes de nicotine. Munis de leurs cerveaux arrosés, chacun propose une solution miracle. Noyer la coquille dans une infusion des plantes du jardin, est la solution adoptée. Oliver, le jeune de dehors est en train de récupérer les herbes aromatiques que possède Zara. Peut-être que tout le chanvre dont dispose Zara ne sera pas nécessaire. Qu’est-ce qu’il en prend du temps, la vieille dame et la cagouille ne peuvent s’empêcher d’attendre son retour. Retour acclamé par les ratons laveurs, retour admiré par les deux femmes. Son torse nu déployé, ses pectoraux fièrement exposés, il vient déposer les herbes qui cachent ses abdominaux incroyablement bien dessinés. Tournant de l’œil, Zara remercie le jeune homme qui le répond par un clin d’œil fugace et empli de sous-entendus lubriques. Un ange passe. Verte est l’herbe, puissant est son arôme. Whisky servi et avalé, la vieille dame met de l’eau à chauffer et sort des tasses. Y infuser ses herbes « spaceiales » était le but de la manœuvre. Zara apporte l’eau bouillante, la verse dans une tasse avec la coquille de Bavette et l’herbe. Au bout de trente minutes, la femme d’âge mûr (mûrissement que l’on pouvait totalement qualifier de dépassé) sort la coquille de l’infusion d’herbe. Bavette sent que son bijou, sa maison, son tout n’empeste plus autant qu’avant, mais l’odeur du tabac était toujours là. C’est là que le jeune Apollon entre dans la pièce et vient chuchoter une bien meilleure idée à Zara. Des épices, des herbes aromatiques et un peu d’huile dans de l’eau avec la coquille et la cagouille, c’était la solution pour que l’escargot ait une senteur d’enfer. Elle va enfin sortir bon. Fière, Bavette se prépare pour plonger dans le grand bain. Grand bain qui donne l’eau à la bouche, et dont la température ne cesse d’augmenter.

Hormis Félix, tout le monde est à table ce soir. Ils allaient tous se régaler. Jarret de veau en osso bucco. Ketchup pour les ratons, moutarde pour les plus courageux. Le clos du "spectacle" est un plat d’escargot au vin blanc.

 

 



14/05/2020
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