Le-Bonheur-des-Mots

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Un oiseau traverse le ciel ... (Adeline)

 

Un oiseau traverse le ciel en trainant un nuage derrière lui.

Echappé du restede la cohorte d’oiseaux migrateurs, Thomas s’est égaré. Alors il voltige à la recherche d’un compagnon de la troupe, sans succès. Il tente de voler plus bas, près de la Terre pour essayer d’apercevoir quelqu’un mais il n’y a que ces individus originaux qui marchent sur leurs deux appendices servant de jambes. Il remonte au-delà des nuages et en traversant ce banc épais, un tout petit cirrus s’accroche à ses ailes.

Thomas, encombré, gêné, se pose sur une belle branche d’églantier afin de pouvoir observer cette masse cotonneuse.

Sur Cirrus, une découverte macabre attend Thomas. Une forme grise, duveteuse git en son fond. Cette forme semble inerte. Thomas en vient à manier et tâter sans délicatesse Cirrus afin de découvrir et faire tomber l’étrange forme. A force de persévérance et d’un peu de maltraitance, Cirrus geint mais ses mouvements onduleux finissent par faire sortir la forme de sa torpeur. Après de très longs instants de patience, la forme prend doucement vie. Il s’agit d’une petite souris toute grise. Elle respire si difficilement qu’il paraît improbable qu’elle puisse survivre.

Pourtant après une attente interminable, celle-ci ouvre de petits yeux. De petits yeux noirs et tous plissés.

Lorsque celle-ci recouvre suffisamment d’énergie, Thomas la questionne sur sa présence sur Cirrus.

Voici qu’elle raconte :

Elle arrive de Chine.

(D’où son regard atypique, bridé, pense Thomas !)

Elle a réussi à s’échapper d’une cage, enfermée dans un laboratoire à Wuhan depuis de si nombreux mois. On lui a injecté des sérums, des sirops, des pilules, des cachets. On lui a regardé les yeux, les oreilles, le nez et elle tait le reste de sa phrase …

Il y a quelques jours, un technicien de laboratoire a mal refermé la cage. Elle a pris la poudre d’escampette aussi vite que possible, s’est faufilée dans les moindres recoins de cet immense bâtiment. Ne sachant ni où aller ni où se rendre elle a d’abord galopiné, profitant de ces premiers instants de liberté. Découvert un peu du monde qu’elle n’aurait sûrement jamais l’occasion de revoir.

Pensant avoir parcouru la Terre entière et même encore l’Univers, celle-ci tomba sur une saurisserie. La Saurisserie de Wuhan. Car quand on est petite souris, on a l’impression d’avoir arpenté des milliers de kilomètres quand finalement l’on a juste sillonné quelques quartiers d’une capitale tentaculaire. Trop contente de cette découverte de poissons fumés, elle avait alors croqué dans tous les morceaux de saumons et de harengs se présentant sous son nez, avant d’être mis en barquette et vendus sur le marché de Wuhan.

Après s’être bien repue et détendue, elle s’était faite chassée à grands coups de balais.

Son périple avait repris à l’arrière d’un pousse-pousse, dans un cageot de poissons frais acheminé jusqu’à l’aéroport. Arrivée dans cet horrible endroit affreusement surpeuplé et assourdissant, elle courut si vite qu’elle ne regarda pas où elle fonçait. Elle entra dans la soute d’un avion gigantesque. Le vol lui fit si mal aux oreilles qu’elle finit par fuir par une béance.

Elle avait fini sa chute en tombant sur Cirrus qui l’avait recueilli en son antre.

Mais elle était très très malade.

Elle expliqua, cependant, à Thomas qu’elle avait toujours senti qu’elle avait des mains faites pour l’or et qu’elles avaient toujours été dans la merde. Elle ne voulait donc pas rester enfermée tout le reste de sa vie et voulait vivre sa vie à fond.

Thomas, après l’écoute de ce long récit, lui raconta, à son tour, son égarement et sa recherche effrénée de ses congénères. Ils avaient fui car une maladie grave se propageait à travers le monde entier. Il avait entendu le mot « Corona », mais lui, ne connaissait que le nom de cette chanteuse américaine « Corona ».

Après avoir entraperçu la maladie chez ces bipèdes humains, la rumeur s’était vite répandue que les animaux aussi pouvaient contracter la maladie. Et sa tribu avait donc décidé de fuir. Si vite, d’ailleurs, qu’il les avait perdus.

Mais Thomas, avec le récit de la petite souris avait compris qu’elle était sûrement à l’origine de cette fameuse maladie… Tous les tests qu’elle avait subis, le fait qu’elle soit si gravement malade et que les symptômes coïncident à ceux des êtres humains … Tout ceci mis Thomas sur la voie que cette souris devait porter le même virus Corona qui épandait l’affection bien vite partout.

Alors, malgré tout le début d’attachement que Thomas pouvait commencer à éprouver pour cette bestiole et son récit sur sa vie, il décida de rompre violemment en mille morceaux Cirrus qui offrait demeure à la souris. L’éclat de Cirrus fit chuter, ce qui désormais, selon Thomas était la pecque (mégère) à l’origine de cette contagion. Il lui hurla en même temps, qu’avec tous les poissons saurs qu’elle avait avalés, elle avait une haleine cruelle. Et la souris s’en vient à percuter le sol terreux autour de l’églantier, où tant de chiens étaient auparavant venus baptiser l’arbre de leurs offrandes fécales.

Finalement, Thomas repensa aux paroles de la souris avec ironie quand elle avait prétendu que ses mains avaient toujours été dans la m...

 



24/04/2020
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