LE REVEIL DE LA PRINCESSE AU BOIS DORMANT (Gérard Policand)
Quand la princesse se réveilla,
Elle fut vraiment très surprise:
Où donc se trouvait-elle, là?
Et quelle était donc la crise?
Rien n'était plus comme autrefois...
Aux alentours de ses grands bois.
C'est vrai, cent ans
Au bois dormant
C'est long très long pour le pays.
C'est vrai cent ans
Au bois dormant
Il y a de la place pour l'oubli.
Les baliveaux de son enfance
Dans la forêt entretenue
Débordaient avec grande outrance
Sur les clairières menues, menues.
C'étaient des arbres majestueux,
Aux branchages tortueux.
Les vieux hiboux qui dans les arbres,
La nuit huaient au siècle d'avant
Se taisaient silence de marbre
La forêt semait le tourment
Et l'angoisse qui s'acharne.
Dans les masures des petits
On ne voyait plus de bougies
Mais régnaient de larges lucarnes
Qui diffusaient des inepties.
Sa marraine la fée Sulpice
Avait adopté des dealers
Pour diffuser des épices
Censées apporter le bonheur.
L'avait perdu son sac d'écus.
Elle cherchait son carrosse
Dans les débris des tsars déchus
Par les amis de Carabosse.
Les beaux princes caracolant
Sur leur fier destrier
Tout entier d'or carapaçonné
N'étaient plus que des manants
Aux ambitions insoupçonnées.
Les douces fourrures d'hermine
S'étaient perdues dans les ténèbres
Parce qu'une croyance divine
Interdisait ces habits funèbres.
Les animaux sauvages
Partout s' entre dévoraient
Pendant que nus dans les villages
Des hommes poilus velus erraient...
Le baiser qu'elle reçut en prime
Fut donné par un androgyne
Qui coiffait sa queue en sourdine
Dans le brouhaha de l'abîme.
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