La forêt d'une amie (Serge JB)
La forêt d'une amie
Dans le silence épais, fait de sons en jachère,
Envahi de senteur des fleurs de chèvrefeuille,
Cette forêt vivante m'engloutit, me digère,
Et courbe mes épaules dans un tunnel de feuilles!
J'avance lentement, prêt à m'agenouiller,
La moiteur de l'air chaud, percée par les insectes,
M'enveloppe, humide, telle un ventre douillet,
Et je sens sur mon front, l'univers qui l'humecte.
Au loin deux chevreuils roux, figés, sont sur leur garde.
D'autres animaux, cachés m'entourent, et sereins
Observent cet intrus, sans craindre qu'une harde,
Vienne les en chasser. Cet endroit est leur bien.
Au bout des fins scions des chênes et des ormes
Les feuilles vacillantes se hissent vers le ciel,
Allongées, se tendant comme des doigts informes
Espérant grappiller un instant de soleil.
Dans ce bois resserré, qui empêche à la vue
De franchir les nuées, jusqu'à l'horizon pâle,
Tous les sens en éveil, simple animal ému,
J'avance lentement, tout droit vers mon escale.
Si loin de tout humain, la vie semble effacée
Et cependant si proche, à coté, sous mes pieds!
Depuis mes premiers pas, les années ont filé,
Hors du havre d'humus qui sera nourricier.
Bien plus tard quand, léger, je serai devenu,
Sous ma plante des pieds je suis sûr de garder
Cette douceur d'éden qui ce jour me transporte
Au-delà des lumières, offrant de m'évader.
Serge JB
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