Le-Bonheur-des-Mots

Le-Bonheur-des-Mots

Vive les vacances ! (Mireille)

Un vent d'été joue de la flûte de pan entre les rochers. Un peu plus loin une cascade se déverse dans un lac transparent. Des rires d'enfants parviennent aux oreilles de Julien .

Vive les vacances !

Des enfants rient comme partout. Des enfants se baignent comme toujours quand ça leur est possible. Même s'ils sont venus à dos d'ânes à travers la forêt bruissante de cris d'oiseaux inconnus, ce sont les mêmes enfants que ceux qu'il peut cotoyer dans son habituel périmètre. Aujourd'hui, il le comprend .

Julien se demande de plus en plus ce qu'il fait là. Payer cher pour aller à l'autre bout du monde et s'ennuyer ferme sans oublier...

Payer pour oublier...

Peut-on oublier ? 

On ne peut pas tout acheter .

Il s'abime dans ses pensées, rêve de son retour en France...Quoique...Il paraît qu'ici aussi, c'est la France . Soit .

Il appréhende son retour.

Retour chez soi, retour sur soi.

D'ailleurs : sur soi ou en soi ?

 

Laquelle restera avec lui quand elle saura ? D'ailleurs, il voudrait que ce soit laquelle , au fond...?

Cela vous place un homme d'avoir plusieurs plusieurs maîtresses : une pour sortir à son bras, parce qu'elle est belle ; une pour parler interminablement, parce qu'elle est  toujours d'accord ; une pour passer du temps au lit , parce que...

Finalement, aucune des trois ne l'intéresse tout à fait . Chacune lui apporte sa part de plaisir ; aucune ne le comble. Il voudrait tellement  n'en avoir qu'une.

 Un éclair de tendresse pour Camille dont l'image s' incruste en lui traverse Julien

L'an dernier, le quatorze juillet, seul et blasé, il s'était amusé à se mêler à ceux qui n'étaient pas de son milieu, ces "petites gens", exotiques pour lui . Il s'était d'abord installé sur un banc pour fumer lentement la pipe d'écume qui lui venait de son grand père . Les flonflons l'amusaient et il observait les danseurs avec une bienveillante condescendance ....Et il l'avait vue arriver , toute fraîche dans ses vêtements bon marché que son jeune corps rendait somptueux.Il n'avait pas pensé qu'elle avait moins de la moitié de son âge, il savait qu'aucune femme ne lui avait jamais dit non.

Camille avait ri, comme toutes les femmes; elle avait dansé , mieux que beaucoup de femmes; elle avait refusé de le revoir, simplement, sainement, malgré son empressement et son offre de tendresse.Il s'était entendu dire : "trop vieux", "trop riche"...c'était tellement évident 

Julien en avait voulu à Camille

Depuis, il pense à elle tous les jours .

 

Julien se lève du rocher sur lequel il était assis . Il ébouriffe un peu ses cheveux , comme pour démêler ses pensées. Il marche lentement vers le bord du lac . Un gros homme maladroit étale de la crème solaire sur son corps rougi, géné par sa barbe et la toison de sa poitrine. En d'autres temps, Julien aurait souri , mais là, l'homme regarde sa montre en soupirant. Il attend. Il regarde à nouveau sa montre. Soupire...Regarde sa montre....

Julien voudrait aussi attendre...Ou que quelqu'un l'attende..Il voudrait avoir quelqu'un à attendre...Et qui l'attendra, lui, dans quelques mois , quand sa maladie aura fait son chemin et que...?

 

                                                       Mireille

 

 

 

 



01/07/2014
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