Le-Bonheur-des-Mots

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Mesrine « Témoignage moralisateur d’un curé de prison » (Adeline)

 « Je n’ai pas beaucoup connu ce voyou de Mesrine. Et j’en suis bien content ! des gens de cette espèce, malgré ma foi, ne devrait pas prétendre à la vie. Je ne l’ai vu que quelques fois, et encore voir est un bien grand mot. Je l’ai croisé à l’occasion de mes nombreuses visites aux détenus de la prison de Saint Vincent de Paul, dans les années 70. A cette époque, je rendais visite aux détenus pour recueillir leurs confessions et tenter de prodiguer la bonne parole et le sens moral. Je rencontre alors Jean-Paul Mercier, fin 1969, complice et fripouille de Mesrine. Jacques Mesrine, lui, a toujours refusé de recevoir la visite et l’aumône de prêtre. Les dires de Jean-Paul Mercier sur Mesrine, avancent l’image d’un homme sans vergogne, sans règle de conduite, ayant grande confiance en lui, sûr de ses actes, séducteur, épris de liberté sans limite mais sachant pertinemment d’avance qu’il ne vivrait pas vieux. Dieu ne souhaite pas que de tels individus perpétuent leurs actes. A partir de là, l’homme, sans valeur, intrépide, fonce, voulant tenter de vivre et d’outrepasser toutes les limites du correct et du respectable. Il faut savoir que la prison dépossède les condamnés de tout (famille, souvenirs, dignité…) On y retrouve alors des gens mauvais, en grande souffrance, n’ayant accès à aucun chemin vertueux, de réparation, simplement mus par une volonté de vengeance ou de récidive. Toujours une situation d’échec ! De plus, ils y retrouvent et y forment souvent un réseau de contacts (voleurs, fraudeurs, malfrats, dealers…) établissent des stratagèmes de perfidie afin d’encore mieux s’organiser envisageant la suite. On peut se questionner sur le rôle de la famille et de l’entourage de ces gens. Ce que les parents ont pu raté, ce que les proches n’ont pas cerné. Car comment expliquer de telles dérives ? Comme déjà mentionné, Mesrine n’a jamais souhaité la présence ni la visite de prêtre lors de ses séjours en prison, mais en tant qu’aumôniers, peu importe la confession, nous avons un accès libre à la prison et aux cellules. Me baladant au gré des diverses demandes des détenus, je croise donc Mesrine, un jour de 1969, à la prison où il est détenu avec Jean-Paul Mercier. Il m’interpelle avec son air arrogant et me demande mon rôle. On échange quelques banalités, il est petit, n’a pas l’air agressif mais ne présente aucun signe de regret ou de repenti. J’essaie de l’amener sur la voie de la réflexion et de la rédemption quant à ses actes d’attaques, de vols et de cambriolages, sans parler des évasions. Mais Monsieur a l’art de la parole et de la répartie, il retourne le sujet à sa guise, je n’obtiendrai aucun retour de sa part eu égard à sa conscience et sa morale. Il a d’ailleurs tellement de prestance et de charisme qu’il réussit à faire s’insurger les gardiens de la prison de Saint Vincent de Paul contre leur direction. En revanche, cet homme accepte les visites des journalistes, auprès desquels il aime vanter ses casses et rencontre à plusieurs reprises le criminologue Alain Normandeau en 1972. Il témoigne sans honte de ses actes odieux S’il avait accepté ma présence, j’aurai tenté de l’amener sur un chemin vertueux en lui montrant la valeur de notre créateur, être supérieur au pardon inégalable, qui aurait peut-être permis de lui montrer la gravité de ses gestes et de répudier ses pêchés. J’aurai aimé le sauver de cette fin tragique.

 



07/06/2017
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